Il a le regard de la même couleur que celle de la ligne bleue des Vosges, département qu’il a quitté il y a près de quarante ans pour poser ses valises à Sare, son village d’adoption. Le kinésithérapeute, habitué de la double culture, a été en son temps adjoint du maire, Jean Aniotzbéhére. Si s’occuper des autres l’inspire, la grande passion du plus basque des Alsaciens c’est l’histoire de sa commune, son patrimoine collectif, « héritage, dit-il, de la vigueur d’un village séculaire ».
L’homme ne dédaigne pas la poésie, la peinture à l’huile ou à la gouache, le dessin au fusain, le jardinage et l’élevage. Mais la grande affaire de l’ancien Strasbourgeois, c’est l’écriture. On lui doit un nombre incalculable de productions littéraires, livres ou revues, avec pour point commun le territoire de Xareta qui s’étire au pied de sa maison, sur les hauteurs du village.
À la lecture de sa bibliographie, on peut se demander ce qui a pu lui échapper depuis « Lezea, la grotte mystérieuse » et ses premiers habitants (1988), « Les Chapelles et oratoires de Sare » et leur origine (1997), en passant par « Les Redoutes de l’empire » et la tourmente des batailles napoléoniennes (1998) ou encore « Sare et ses promenades souterraines » (2019).
En parcourant sa production prolifique, on suit la singulière et amusante ascension de La Rhune par l’impératrice Eugénie. En prenant le chemin des palombières, on se questionne sur les vestiges qu’on y croise entre four à chaux et tour mystérieuse. En suivant la route de Saint-Jacques-de-Compostelle, on se met dans les pas des contrebandiers, des processions des fêtes profanes ou religieuses.
Un rêveur de 82 ans
Le travail est colossal au sujet de cette terre, fief des bergers et des pelotaris, qui dévoile, au détour de ces plusieurs centaines de photos et d’écrits réalisés entre 1988 et 2019, autant de valeurs que de richesses. Un témoignage dont l’intéressé souhaite « qu’il permette plus tard à l’historien de suivre l’évolution de notre antique cité, de nos jours en pleine mutation ».
Jacques Antz fait sienne la citation d’Antoine de Saint-Exupéry : « Faites que le rêve dévore votre vie afin que votre vie ne dévore pas votre rêve. » Triple culture, multiples passions, à 82 ans, ce passionné touche à tout n’a toujours pas fini de rêver.