Sare et Ainhoa se creusent la tête pour créer des logements à bas coûts afin de permettre à ses habitants de rester
Pour le maire d’Ainhoa, le Plan local d’urbanisme doit être un outil à utiliser pour garder la main. (archives jean-daniel chopin)
Sur le champ de bataille du logement, la Côte basque est en première ligne. Mais, malheureusement, elle n'endigue pas tous les problèmes. Raréfaction des terrains constructibles, augmentation des prix, difficulté de loger les jeunes ménages, équilibre instable entre résidences principales et secondaires, etc. Tous ces maux ont fini par déborder sur le Pays basque intérieur. C'est le cas, par exemple, à Sare et Ainhoa, deux villages de « l'entre-côte », où les deux jeunes équipes municipales tentent de résoudre cette équation à plusieurs inconnues en dénichant des solutions originales.
Ici comme ailleurs, le Plan local de l'habitat de l'agglomération Sud Pays basque impose aux communes de construire des logements sociaux (en locatif et en accession). « C'est ce que nous avons commencé à faire dans les anciennes caserne et poste. Mais cela ne suffit pas », constate le maire d'Ainhoa, Michel Ibarlucia, avant d'ajouter : « La commune ne possède aucun foncier et n'a pas les moyens de tout préempter. » Difficile, dans ces conditions, de loger les jeunes ménages qui souhaitent rester au village.
Partager les grandes bâtisses
Il y a quelques mois, quand le maire apprend que le propriétaire d'une ancienne exploitation agricole, où est situé un corps de ferme de 770 mètres carrés (situé à moins d'un kilomètre du bourg), souhaite vendre son bien, il contacte alors un opérateur social et l'EPFL (Établissement public foncier local du Pays Basque) : « Le bailleur social a fait une étude pour transformer le gros bâtiment en 9 appartements allant du studio au T2. Le problème, c'est que cela ne correspond pas à la demande. Nos administrés cherchent à acheter des petites maisons individuelles avec un petit jardin. »
La mairie a alors imaginé un autre projet avec cinq logements de type T3 et T4. Son but ? Faire uniquement les travaux de type gros œuvre, vendre les cinq logements et laisser les futurs propriétaires faire le reste des travaux. De quoi faire largement baisser la facture. Les discussions avec le propriétaire de cette ferme sont actuellement en cours. Mais Michel Ibarlucia a quelques cartouches pour négocier : « Des promoteurs sont venus le voir en faisant des offres 60 à 70 % supérieures à la nôtre. Mais c'est du pipeau. Car le propriétaire devra mettre son terrain aux normes et tirer tous les réseaux. Cela a un coût. » Surtout, la mairie à un gros avantage : son Plan local d'urbanisme. « Pour le moment, ce terrain n'est pas en zone constructible. Et nous ne changerons pas le PLU si cette ferme est vendue à un promoteur privé. » Une issue où tout le monde serait perdant.
Un promoteur public
Juste à côté, à Sare, le maire Battitt Laborde tente aussi de trouver des solutions originales pour loger les jeunes du secteur. « La transformation de certains corps de ferme est une bonne solution pour éviter de manger du foncier nouveau. Dans certains cas, ces grandes bâtisses ne sont plus des outils adaptés aux techniques agricoles d'aujour-d'hui. » Comme chez son voisin, le maire affûte son PLU pour en faire un outil efficace. « On a viabilisé un nouveau lotissement en laissant au propriétaire quatre lots. La commune en a récupéré une quinzaine. Mais nous n'avons pas fait la bêtise de changer la destination du terrain avant de négocier. C'est comme si un éleveur chargeait une bête dans un camion et qu'il demandait au maquignon : “Combien tu m'en donnes pour celle-là ?”.
Dans le bourg, les élus de Sare ont imaginé un autre projet très original dans l'ancienne maison de retraite, rachetée grâce à l'aide de l'EPFL. « Le projet comporte 5 logements locatifs sociaux, une maison médicale, quatre commerces, une salle collective mais aussi 22 logements en accession dont nous gérons la vente directement. Nous ne passons pas par un bailleur social ni par un promoteur privé », présente Battitt Laborde. La seule manière de tout maîtriser : choix des acheteurs, prix bas, etc. « C'est une solution de bon sens, mais ce n'est pas de tout confort. Ce sont les employés municipaux qui ont abattu les vieilles cloisons par exemple. Heureusement, ils aiment leur village ! »
La preuve que des solutions existent. « Les communes n'ont pas beaucoup de moyens pour loger ses jeunes, mais elle a encore en main la clé du problème : le PLU. C'est simplement une question de volonté. »
A. Dejeans