Le projet de rénovation du Petit Train de La Rhune concocté par le Conseil départemental des Pyrénées-Atlantiques a suscité de grosses interrogations des associations de protection de l’environnement et du maire de Bera Josu Iratzoki Aguirre, qui craint que l’aménagement au sommet ne défigure la montagne. Jean-Baptiste Laborde, maire de Sare et conseiller communautaire délégué à la montagne revient sur les points positifs de ce programme dont l’investissement est estimé à hauteur de 36 millions d’euros.
Le projet de rénovation du Petit Train de La Rhune a été présenté par le Département à votre commune, qu’en pensez-vous ?
Pour l’heure, ce projet est une ébauche ; les grandes lignes qui nous ont été présentées dessinent un projet relativement bon. La rénovation du Petit Train est une grande et bonne nouvelle. Car c’est un outil économique et touristique qui inonde le Pays Basque. Il emploie une trentaine de salariés - il est légitime que ces derniers expriment des craintes. Le Petit Train de La Rhune est un outil de travail qui a été créé en 1924. Et en tant qu’outil de travail, il demandait des investissements. On aurait pu y investir depuis 1924.... Mais je rappellerai que ce n’est qu’en octobre 2012, sous l’impulsion de Georges Labazée, que sa gestion jusqu’alors mise en DPS, délégation de service public, est rentrée dans le giron du Conseil départemental, avec la création de l’EPSA, Etablissement public des stations d’altitudes. Le site est aujourd’hui hors temps ; il faut le rénover. La déviation de la départementale au niveau de la gare est un projet qui date d’il y a vingt-cinq ans. Sa mise en œuvre permettra enfin d’améliorer la sécurisation des piétons. Quant au problème des parkings, si certains petits travaux avaient déjà été réalisés, il faudra en programmer la construction en bas du col de Saint-Ignace, avec des liaisons par navette... L’arborétum sera un espace d’accueil qui peut être une vitrine du Pays Basque. Un lieu où les visiteurs apprendront à mieux le connaître. La question n’est pas de le laisser aux mains de marchands du temple, mais il peut être mis sous tutelle des institutions pour valoriser l’économie locale. Non seulement le piment, mais son industrie aéronautique par exemple... Sans compter la rénovation des voies, la viabilisation en eau potable et eaux usées au sommet qui permettront l’aménagement de toilettes publiques.
Comprenez-vous les craintes manifestées par les associations de protection de l’environnement ?
Il est sain que dans notre société des associations interpellent et expriment leurs interrogations. Mais si elles évoquent un doublement des visiteurs, elles surestiment une telle fréquentation ! L’année dernière, le Petit Train de La Rhune a transporté quelque 360 00 visiteurs. C’était déjà un record, dû à la situation internationale et à la météo que nous avons connue. Quand le ciel est bas et nuageux, les touristes savent, comme nous, qu’il ne sert à rien de monter ! Si aujourd’hui il y a surfréquentation, c’est en matière de randonneurs. C’est un sujet à travailler : aménager des chemins sur le versant, leur proposer d’autres destinations que La Rhune aux points de départ... Le Petit Train permet de canaliser les visiteurs.
Les associations pointent du doigt la plateforme ?
Personnellement, je trouve ce projet sympa. Les associations se focalisent sur la plateforme, elles en oublient les autres points et le projet global. Sur l’esthétisme, je peux comprendre les inquiétudes... Pour autant, de toutes les façons, rien n’est encore figé : ce projet de rénovation est encore une ébauche. Il lui manque toutes les autorisations nécessaires à sa concrétisation. Et elles seront nombreuses dans le cadre de Natura 2000, des PLU d’Ascain, Urrugne ou Sare... Je n’ai pas envie que l’on fracasse La Rhune, mais, si rien n’est fait pour le Petit train, si les questions de sécurité et d’évacuation du public ne sont pas résolues, le préfet pourrait décider sa fermeture !
VIRGINIE BHAT (Mediabask)
Le projet de rénovation de La Rhune initié par le Conseil départemental n'est pas vu d'un bon oeil par le maire de Bera. Josu Iratzoki Agirre estime que de nouvelles constructions nuiraient au site.

De son côté, Jean-Jacques Lasserre président du Conseil départemental, "ne veut pas entrer dans une polémique". Il dit être d'accord avec Josu Iratzoki Agirre sur le fait que le projet ne doit pas défigurer le site. Il invite d'ailleurs le maire de Bera, s'il le souhaite, à l'instance de concertation du projet. "On va s'écouter, et on trouvera une solution" explique J.-J Lasserre.
Interrogé par MEDIABASK, un des propriétaires des ventas nichées au sommet de la montagne, qui a souhaité rester anonyme, est tout de même sceptique sur le projet : "Je n'ai pas encore vraiment d'avis sur la question, mais je pense qu'il y a d'autres choses plus importantes à mettre en oeuvre." Par exemple, ce propriétaire estime qu'il serait plus judicieux d'installer un poste de secours durant l'été. "Des gens se blessent souvent ou font des malaises" avance-t-il.
|02/08/2017