Fin octobre, après la Saint-Luc, 101 409 palombes ont été recensées. Photo Archives Patrick Bernière
Les palombes (uzoak), migratrices comme les Basques d'antan, sont là. Les acteurs aussi : chasseurs, observateurs aux postes de comptage, visiteurs. La chasse aux pantières (panther en latin) est ici gérée par la société Sarako Uzotegiak avec, à sa tête, Henri Dutournier. Sont-ils des amoureux de la chasse ou plutôt d'un art de vivre ? Ces deux aspects sont ici inséparables et les révolutionnaires de 1793 l'avaient bien compris, puisqu'ils avaient changé les noms des villages et débaptisé Sare pour la renommer « Palombière » !
Cette année, les chasseurs ont d'abord procédé à la préparation du site. Puis, ils ont assuré la maintenance et la remise en état des tours, cabanes, filets, câbles, poulies, camouflage. Six filets obliques (sareak), dressés vers le ciel et supportés par des mâts, barrent alors, sur une dizaine de mètres de hauteur, un petit espace d'un col vers les hauteurs de Saiberri.
Des bonnes prises
À leurs pieds, sont dissimulés les filetiers (sarezainak) prêts à entraîner vers le sol ces filets, alourdis de masses aux extrémités, à l'aide de câbles et de leviers. Lorsque le vol est signalé et se dessine très haut à l'horizon, les mouvements de « xatar » effraient et canalisent les palombes vers le sommet du col. À quelques encablures des pantières, elles pourraient encore poursuivre leur course, jusqu'à ce que, du haut d'une tour de pierre ou d'un pylône, un dernier rabatteur vienne lancer la palette peinte en blanc (karrotea), reflet d'une attaque d'épervier.
Concernant la migration, les palombes piquent quelquefois vers le sol et certaines, dans leur vol en rase-mottes, s'engouffrent vers les filets. Le son bref du « ttuttu » retentit, les coups de feu claquent vers les fuyardes, les hommes au tablier bleu débarrassent les prisonnières des filets. Les chasseurs œuvrent quoi qu'il arrive pendant 30 jours, dans leurs différentes spécialités : trapari, abatari, xatarlari, etc.
Fin octobre, après la Saint-Luc, 101 409 palombes ont été cumulées. Même si le nombre de prises n'est plus ce qu'il a été, cette passion réunit chaque année, sur les neuf sites restants, dans une même ferveur, des « aficionados » dont le mérite est aussi de transmettre cette forme de patrimoine.