Les ornithologues suivent depuis 1979 le passage à Organbidexka, col aux vertus pédagogiques
Les naturalistes effectuent, à Iraty, leur observation et leurs comptages de la migration pour la 35e saison. (photo DR)
Voilà trente-cinq ans que les naturalistes et les ornithologues se donnent rendez-vous, chaque année de juillet à novembre, sur les pentes du col d’Organbidexka, historiquement le col pyrénéen où ont débuté en 1979 les premières observations de la migration, ainsi que le recensement des oiseaux. Et depuis cette date, des milliers de naturalistes, français et étrangers, se sont succédé à Iraty pour mener à bien cette opération qui, au-delà de ses aspects scientifiques et pédagogiques, s’apparente souvent au militantisme, voire même parfois au sacerdoce.
Depuis 1982, Serge Barande, membre de la Ligue de protection des oiseaux (LPO) d’Aquitaine, vient chaque année assurer sa part de travail. « Je dis volontiers que ce col est l’école des oiseaux, mais aussi l’école des hommes, car il s’agit d’un véritable creuset qui sert à la formation des jeunes ornithologues, à la transmission du savoir à travers le travail effectué ici. » Mais Iraty est également une école des oiseaux en direction du grand public.
174 espèces observées
Et plus encore cette année, depuis que la commission syndicale de Soule a mis à la disposition de la LPO l’ancien local d’accueil de la station, transformé par les ornithologues en un lieu d’exposition et d’information. « Les élus ont compris tout l’attrait touristique que peut représenter ce couloir de migration exceptionnel, et le spectacle qu’il offre. Les oiseaux vivants plutôt que les oiseaux morts. » Bref, les ornithologues se sont installés dans le paysage, même si, parfois, quelques tensions surgissent encore avec certains chasseurs. « Pourtant, le temps de s’opposer me semble révolu. »
Depuis que les observations existent, 173 espèces migratrices ont été recensées dans le véritable entonnoir que représente le col, comme c’est également le cas au Pays basque pour le col de Lizarrieta (Sare) et le site de Lindus (Banca). « Et même 174 espèces », précise Serge Barande, « puisque pour la première fois cette année, nous avons observé le passage d’un groupe de neuf canards marins tadrone de Belon ».
3 000 visiteurs l’an dernier
L’an passé, plus de 3 000 visiteurs ont été accueillis à Iraty par les ornithologies, 170 personnes qui se sont relayées sur le site du 15 juillet au 15 novembre. Ils ont compté 170 305 oiseaux de 46 espèces migratrices. Ceux dont les effectifs sont en hausse, des oiseaux au régime alimentaire varié, comme le milan noir (de 2 000 à 40 000), ou la cigogne blanche (1 000 individus, pour une vingtaine seulement il y a trente ans). Et ceux aussi dont les troupes s’effondrent, essentiellement les oiseaux insectivores, l’hirondelle par exemple.
Et puis, bien entendu, des palombes. « On assiste depuis les années 1990 à un déport de la migration vers l’ouest que nous imputons à une récurrence des vents de sud », note Serge Barande. « Un comptage effectué en 1950 évaluait à 40 millions d’individus la migration transpyrénéenne. En 1979, un autre comptage annonçait 15 millions, puis 6 millions en 1985. À la fin des années 1990, les migratrices n’étaient plus que de 2 à 3 millions. Depuis une quinzaine d’années, leur nombre augmente d’environ 2 % l’an. Mais ici, à Iraty, alors qu’au début nous pouvions avoir des années à 500 000 oiseaux, nous n’en observons plus aujourd’hui qu’entre 30 000 et 80 000 », assure le naturaliste, pour qui la chasse, et surtout celle aux pantières pratiquée dans les 13 départements du Sud-Ouest, constitue la principale cause de prélèvement.
Par richard picotin