Au Pays basque vendredi dernier, lors de l’inauguration du programme Olhain-Larrun, une rafale de compliments s’est abattue sur le maire de Sare. Battitt Laborde n’en aurait pas reçu davantage en marquant un triplé en finale de Coupe du monde.
"Un beau moment d’inspiration" (Jean-Jacques Lasserre, président du Département), "un projet noble" (Hervé Jonathan, sous-préfet de Bayonne), "une action qui a du sens" (Jean-René Etchegaray, président de l’Agglo), "j’admire les élus de Sare" (Vincent Bru, député).
Si Sare est devenu l’élève modèle du Pays basque, c’est parce que l’équipe municipale s’est retroussé les manches dès son élection en 2008. Elle a poursuivi son projet après 2014. Son but : revitaliser le centre-bourg en proposant des logements aux jeunes Saratars, favoriser le lien intergénérationnel et attirer de nouveaux commerçants. Le défi est en passe d’être relevé.
L’équipe de Battitt Laborde a souhaité utiliser les deux bâtiments désuets (Olhain et Larrun) de l’ancien hospice, devenu maison de retraite, pour mener à bien son projet. Sur le papier, la manœuvre est limpide. Première étape : acquérir les bâtiments de l’Ehpad (112 chambres), via l’Établissement public foncier local (EPFL).
Deuxième étape : financer, avec cet argent, la construction d’une nouvelle maison de retraite, juste à côté des bâtiments de l’hospice.
Troisième acte : investir lourdement pour réhabiliter les bâtiments Olhain et Larrun, situés à un jet de pierre du fronton.
Au total, la commune a investi 5,7 millions d’euros. Une somme importante au regard du portefeuille communal. Mais les élus, bien épaulés par leurs partenaires (Agglo, EPFL, Département), ont de la suite dans les idées. Pour équilibrer le budget de l’opération, la mairie a endossé le costume de promoteur. "Ce n’était pas évident pour nous. Mais c’était la seule façon d’aller jusqu’au bout de nos idées", résume l’édile saratar.
Dans un premier temps, la commune a emprunté de l’argent et sollicité ses partenaires financiers (État, Agglo, Département, réserve parlementaire, CAF). Si elle a pu impliquer autant d’acteurs, c’est parce que le projet est au carrefour de nombreuses problématiques.
Un nouveau dentiste
Au rez-de-chaussée, le promoteur public a construit des commerces (quatre dont un salon de coiffure et un de beauté), une microcrèche, une salle paroissiale, une bibliothèque, une salle municipale, une maison médicale (quatre généralistes, un kiné, un ostéopathe, un dentiste, un podologue, un orthophoniste).
À noter que la création de cette maison médicale a permis d’attirer un dentiste, spécialité qui n’était pas présente dans cette commune du Xareta.
Des familles
Dans un deuxième temps, la commune a commercialisé cinq logements adaptés pour les personnes âgées et 22 logements classiques à prix accessibles (moins de 2 770 euros le mètre carré). Il n’en reste plus que cinq à vendre. "Ces appartements sont habités par des familles du secteur", présentent les porteurs du projet. La vente des derniers logements permettra d’équilibrer définitivement l’opération.
"C’est un modèle à suivre", juge le député Vincent Bru, en ajoutant : "C’est très difficile de porter ce genre de projets. Mais cela devrait donner des idées à d’autres communes du Pays basque."
Réhabiliter l’existant
Le président de l’Agglomération, Jean-René Etchegaray, va dans le même sens : "Il vaut mieux réhabiliter l’existant au centre-bourg que jouer la carte de la facilité, en urbanisant des terres naturelles et agricoles". Tous les élus ont mis en avant l’action de l’Établissement public foncier local (EPFL 64) dans ce dossier.
Faut-il y voir un lien ? Depuis la consolidation du projet Olhain-Larrun, plusieurs nouveaux commerces se sont installés au centre-bourg de Sare (supérette, boulangerie, salon de thé, etc.). D’autres projets sont en cours. "Les seniors qui habitent dans les nouveaux logements adaptés pourront, à terme, manger dans la cantine de l’Ehpad et participer aux ateliers", présente la responsable de la maison de retraite. Des projets intergénérationnels, entre anciens et enfants de la crèche, sont également sur les rails.
A. Dejeans
